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Le voyage du voilier YAO autour de l'atlantique.
L'aventure commence au printemps 1993
YAO, notre petit voilier de 35 pieds

La passion de la mer et de l'aventure est présente dès ma naissance… En juillet 93 je décide d'acheter un voilier. C'est sur la cote Belge et Française que je recherche la perle rare qui va nous conduire autour de l'Atlantique ma compagne et mon fils. Les critères sont le prix et surtout la solidité … et la hauteur au barrot : 1,89m. Je n'ai pas envie de passer un an plié en deux ! C'est curieusement à Deauville en août que je trouves un Ketch Westerly Pentland 31' né en 1978 et solide comme un roc.Il est baptisé Yao en souvenir d'un feuilleton qui passait sur TF1 (lille à l'époque). Je l'aménage en un mois pour la navigation hauturière. Nous avons pris la décision de prendre un an de congé sans solde afin d'effectuer le tour de l'atlantique ! J'embarque un équipement qui à été soigneusement étudié pour une telle navigation, une radio VHF, un radar, un GPS, récepteur LH pour la météo, sextan, un pilote automatique et deux de réserve, un outillage complet, une survie, des réservoirs supplémentaires, une annexe avec son moteur, un matériel de pêche, une bibliothèque etc.… Je remplace l'entièreté du cordage, les drisses, les écoutes et les amarres. Une fois les couchettes anti-roulis installées, les cales renflouées de merveilleuses conserves, c'est le déménagement, deux voitures entières viennent compléter l'armement. C'est le départ ! Début octobre, le bateau est fin prêt pour l'aventure, c'est limite, les tempêtes fonts rage dès la fin octobre dans le golf de Gascogne, il faut se dépêcher. Je trouve deux équipiers par annonces dans vlan et nous appareillons pour le Portugal ou la bonne saison se prolonge jusqu'en novembre. Première escale à Alderney puis aux îles Silly au sud-ouest de l'Angleterre ou les dauphins nous accompagnent par dizaines. Un des équipiers nous abandonne en Angleterre, son estomac ne l'a pas suivit, la traversé de la manche n'est pas de tout repos surtout sous allure près-serré avec force six. Nous nous ravitaillons et au soir nous prenons le large, il est grand temps de traverser, il ne faut pas traîner, à Gascogne ça cogne… Nous passons par le sud ouest de l'Angleterre pour contourner le golfe en passant le plus possible au large des côtes où en cas de tempête les déferlantes sont trop dangereuses. Nous arrivons à Porto après avoir essuyé onze beauforts dans le golfe, le bateau a fait ses preuves, nous pouvons dire que les Westerly c'est du solide (5 tonnes pour 31 pieds) ! La famille au complet peut donc embarquer à Porto en toute sécurité, Maxime un an et demi, ma compagne et moi-même partons pour le sud du Portugal en Algarve. En quittant Porto, après 10 minutes de navigation Maxime est malade, zut ! Le fils de l'homme qui à vu l'homme qui a un arrière-grand-oncle marin a le mal de mer ! Pas possible ! Quelques heures suffisent a le calmer, tout va bien! Par la suite nous trouvons le remède miracle : appareillage de nuit pendant que l'enfant dort, au matin quant il se réveille c'est la pleine forme. Après une escale au Portugal à Péniche, à Sines et une navigation sans problèmes nous arrivons à Lagos en Algarve ou nous restons quelques temps. La prochaine escale sera sur un autre continent : l'Afrique… Après quatre jours de mer nous arrivons à Essaouira au Maroc. L'approche est difficile, c'est une des seules escales où nous n'avons pas de carte détaillée, l'endroit est pleins cailloux et de bancs de sable, heureusement nous avons un bi-quille, et un faible tirant d'eau, à peine un mètre vingt. L'approche de nuit et trop dangereuse, on entend les brisants il faut attendre le jour au large en faisant des ronds dans l'eau. C'est finalement en suivant des pêcheurs qui rentraient au port, que nous rentrons sans problèmes en les suivant. Essaouira au Maroc est un charmant petit port de pêche avec un souk juste à coté, nous ne manquons pas de le visiter. Les pêcheurs sont accueillants, Maxime est notre passeport, il fait rire tout le monde et se fait très vite des copains. Nous faisons une escale sans intérêt à Agadir puis l'escale suivante sera importante c'est la préparation pour la traversée de l'Atlantique ! Les Canaries. Nous atterrissons à Lanzarote ensuite, nous continuons vers Tenerife. Los Christianos a une merveilleuse baie qui nous accueille, nous y jetons l'ancre pour y passez les fêtes de fin d'année, mais au port, il n'y a pas de place pour le bateau en cale sèche. C'est sur Grand Canaria à Arguineguin que finalement nous mettons le bateau au sec pour la remise à neuf de la coque. De nouveau, Maxime est notre passeport, "El amigo del mondo" comme l'appelle les vieux marins du port. Nous sommes prêt le premier février 1994, c'est le départ pour les Antilles, les autres "gens du voyage" viennent fêter à bord. Comme d'habitude, nous partons de nuit, dès le matin une avarie importante nous oblige à rebrousser chemin au moteur, l'étai est sortit de sont serre câble, l'enrouleur est coincé, j'affale le Génois et j'utilise la drisse de spi pour maintenir le mât mais il faut réparer rapidement. C'est faisable en mer mais risqué et vu que les Canaries ne sont pas loin je préfère rebrousser chemin et réparer à terre. Le soir même nous repartons, cette fois c'est la bonne, vive les alizés, le bateau marche à 5 ou 6 noeuds au portant, ce n'est pas trop inconfortable malgré la grande houle de l'atlantique. Avant le départ, nous avons dévalisé le super marché du coin, le patron se propose même de nous livrer nos six caddies pleins à craquer en camionnette. Vingt bouteilles de cinq litres constitue notre eau potable, le reste (200litres) est également potable mais sert aux autres tâches domestiques. Pour économiser l'eau nous cuisons les pâtes et les pommes de terres dans un mélange de 50 % d'eau de mer et 50 % d'eau douce. De temps en temps mes lignes de traîne ferrent un thon ou une de ces délicieuses daurades coryphènes qui viennent agrémenter notre menu déjà très varié. Le pain cuit au four que nous fait ma compagne vient embaumer le carré. Après dix jours de navigation nous sommes à mi-chemin des petites Antilles, les légumes et les fruits frais se font rares, il est temps d'arriver. Le 14 nous croisons un autre voilier, contact VHF, chouette c'est un radio amateur. A notre demande, il va transmettre un message à un autre radio amateur situé à la Barbade qui à son tour contactera un autre radio amateur en Angleterre qui téléphonera chez nos parents qui seront rassurés et nous transmettrons à leur tour le bonjour de Belgique qui fera le chemin inverse et arrivera à notre bord le lendemain. La fantastique magie des ondes électromagnétiques ! Le matin du 23 février sommes en vue de la terre, terre, la Barbade. La traversée de l'atlantique s'achève, nous sommes émus et content d'être arrivé après 23 jours de navigation. En débarquant, nous avons le mal de terre… Après quelques formalités nous nous installons dans une baie bordée de sable blanc et pleines de tortues qui nagent dans une eau turquoise, restos, virées... Nous allons passer quatre mois merveilleux à naviguer d'une île à l'autre, de la Barbade à Sainte Lucie à la Martinique, la Dominique, les Saintes, la Guadeloupe, Montserrat, Redonda, Saint Martin etc.… Mais la farniente n'est pas notre dada, il est temps de quitter les Antilles, de fait en juillet commence la saison des cyclones. Nous décidons donc de rentrer en juin 1994, Maxime et sa mère reviendront en avion. Je prends la mer en solitaire le premier juin 1994, j'ai le cœur gros, je laisse ma compagne et Maxime mon fils derrière moi, je sais que ce sera pour longtemps. Ils restent encore quelques jour à la Martinique en attendant leur vol. Mon retour passe par la mer des sargasses ou je n'échappe pas à la règle des calmes plats mais les baleines à bosse me tiennent compagnie. C'est vingt quatre jours plus tard, pratiquement fou que je suis en vue de l'île de Flores aux Açores. Elle est magnifique, très sauvage, que de verdure après tout ce bleu. L'approche est turbulente, il faut rester sur ses gardes. Je profite pleinement de l'escale pour me gonfler à bloc et pour visiter… Leurs fameux anticyclones des Açores, car ensuite il reste un bout de chemin avant la manche. C'est quinze jours plus tard que j'atterris en France à Fécamp, non sans mal. Un jour vers l'embouchure de la manche en jetant un œil distrait dans un des hublots, horreur, je ne vois plus la mer ni le ciel mais un gigantesque mur rouge qui défile rapidement. Manifestement mon radar ne fonctionne plus, lui qui me prévient comme habituellement par un son strident dès qu'une barquette s'approche à mois de 5 miles. Ici c'est un énorme porte-container de plusieurs centaines de metres de long qui passe à moins de 10 mètres du voilier... Je l'ai échappé belle...J'essaie de réparer mais mon meilleur ami rend l'âme : Furuno le radar et mort, grâce à lui je pouvais dormir en toute sécurité. Maintenant il va falloir veiller. Je prends le premier quart, le second et les autres, dans la manche plus question de dormir. A son tour Roland (le pilote automatique) est malade, heureusement j'ai un remplaçant. Au large de Guernesey je croise un énorme requin, je veux à tout prix le filmer, le prix sera élevé. Je manœuvre au moteur pour me rapprocher au maximum du monstre, mais je lui passe sur le corps, c'est l'abordage, il n'apprécie pas du tout et pour bien me le faire comprendre, il donne un gros coup de queue contre l'hélice, le choc est violent et il a raison de l'inverseur. Un pignon est cassé, le moteur tourne mais je n'ai plus de propulsion. Ce n'est pas grave, tout s'arrange (même mal), je rentre à la voile, c'est mon jour de chance, au soir plus un pet de vent. Après 10.000 miles sans encombre, à quelques encablures de la cote française c'est dur d'encaisser ! J'ai dû dire lapin ? Je préviens par VHF (radio) le port du Havre car je dérive vers la route des cargos. Ils font régulièrement des appels aux gigantesques pétroliers et porte-containers qui risquent de croiser ma route. C'est mieux, je ne pèse pas lourd à coté de ces géants. Après deux jours, toujours pas de vent, Je décourage un peu, un coup de fil (hé ! Oui près des côtes, la VHF ça fonctionne comme un téléphone) à ma famille qui me remontre le moral. J'atterris à Fécamp épuisé, c'est là que ma compagne me rejoint, je répare l'inverseur et c'est le retour à la case départ, un dernier bout de chemin de quelques jours vers Nieuwport en Belgique.


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